HomeServicesPaturage extensifDév. durablePoneysSite témoinPour VousContact
Navigation : Accueil / Sites / Verger

                          


Le verger "Gustave Thonon"

En mémoire de mon arrière grand-père, Gustave Thonon, qui a transmis aux générations
qui l'ont suivi sa passion des cathédrales nourricières que sont les fruitiers haute-tiges.


Philosophie du verger
Produire des fruits diversifiés dans le respect de la nature, sauvegarder nos anciennes variétés.

Pommiers "Radoux" et "Président Roulin" avant la cueillette

A titre d'exemple, tous le monde connaît la pomme à croquer : chair blanche, sucrée, légèrement acide, à fine peau lisse. Mais si vous en faite une compote, vous risquez d'obtenir des morceaux mollassons baignant dans leurs jus, résultat décevant tant au niveau visuel que gustatif. Si vous aviez utilisé des pommes "Président Roulin", vous auriez obtenu une compote mousseline avec une petite pointe d'amertume lui donnant du caractère !
Il existe bien d'autres types de pommes que la pomme à croquer : les pommes à compote, les pomme à jus, les pommes à cidre, les pommes à couteau, les pommes culinaires... C'est ce que ce verger voudrait vous faire découvrir.

Les fruits sont encore trop souvent produits en vergers basse-tiges intensifs, monoculture n'offrant aucun gîte à la flore et la faune sauvage. De sa floraison à sa récolte, une poire peut y avoir reçu jusqu'à 17 pulvérisations...

Le verger a été principalement planté de 2015 à 2019 (premier essai en 2001), les premières fructifications débutent, la production, la transformation et la vente sont prévues pour 2025.
Liste des variétés testées


Le verger haute-tige

L'idée maîtresse est de considérer le verger comme un écosystème, si l'écosystème fonctionne mal, le verger fonctionnera mal ; l'arboriculteur prend alors un autre rôle : observer, se remettre en question, tester, mettre de l'huile dans les rouages pour que l'écosystème ronronne comme une horloge.

Le verger avec en arrière-plan la réserve naturelle

Notre verger haute-tige est situé en bordure de réserve naturelle, sur une prairie de fauche tardive sans amendement. On y retrouve des fleurs peu communes (Rhinante à petites fleurs, Platanthère des montagnes, Gesse de montagne, Potentille stérile, Centaurée...) et il est visité par une faune variée (Belette, Hermine, Pie-Grièche, Pics...).

  
Floraison du Géranium des bois sous les pommiers et de la Platanthère en bordure du verger

 
Deux visiteurs réguliers du verger : le Renard dans le givre du petit matin et le Crécerelle

L'hiver, le foin y est distribué aux poneys, ce qui restitue au sol les nutriments prélevés lors de la fauche. Avec les pluies et la neige, le sol mou est défoncé par les sabots : les galeries de campagnols sont littéralement pilonnées, ce qui évite de devoir les piéger en risquant d’attraper les belettes. Des tas de bois ou de pierres sont d'ailleurs prévus en périphérie pour abriter ces petits prédateurs. Les nichoirs à mésanges complètent la lutte contre les chenilles...

   
Fauchage l'été et petite sieste lors du nourrissage l'hiver au pied d'un pommier récemment planté
(je reviendrai plus bas sur la protection des jeunes fruitiers)

  
Abris pour les petits prédateurs : tas de bois en bordure de verger et ancien tas de pierres de champs dans le réserve

Des cendres de bois sont étalées chaque printemps, riche en potasse sous une forme très assimilable (carbonate de potasse) ce nutriment favorise l'aoûtement du bois (résistance aux gelées et à certaines maladies), la fertilité de l'arbre, la maturation, le coloris et la qualité des fruits. Les cendres contiennent également de l'acide phosphorique, ce nutriment favorise la formation des boutons et la fécondation des fleurs, la qualité et la maturation de fruits.
Le sol ne reçoit pas d'autres fertilisants, les nitrates ont d'ailleurs plutôt tendance à faire produire du bois plutôt que des fruits, de plus, l'excès de nitrates peut nuire à la conservation des fruits (carences en autres nutriments) et doit être corrigé par l'apport d'acide
phosphorique.

Pour les pommiers et les poiriers, j'utilise comme porte-greffe respectivement le Pommier sauvage (Malus sylvestris) et le Poirier sauvage (Pyrus pyraster).

  
Reprise d'une greffe en écusson de pommier, et jeune pommier fleurissant deux ans après sa plantation.
La protection des arbres contre les cervidés et les poneys est indispensable : une colonne en grillage de 40cm de diamètre et 1m50 de hauteur ancrée au sol par trois fers à béton de 12mm de diamètre et de 2m de longueur. Les fers sont entrelacés dans les mailles du grillage. Le tout est entouré par un fil électrique soutenu par 4 piquets oranges afin que les poneys ne viennent pas se frotter et culbuter la colonne. L'électricité passe d'arbre en arbre via un ruban blanc à 1m60 de haut pour permettre aux poneys de passer en dessous.

Ces
porte-greffes indigènes ont de  nombreux avantages par rapport aux portes-greffes standards :
- ils sont nettement plus résistants aux campagnols ;
- ils vont mieux rechercher les nutriments dans les sols pauvres ;
- meilleure tenue au vent (bois plus dur et meilleur enracinement) ;
- meilleure résistance aux maladies ;
NB : à l'opposé, dans les vergers basse-tiges ont utilise des portes-greffes nanifiant, la cueillette est facilitée, mais c'est le seul avantage : ces portes-greffes nécessitent amendements et pulvérisations...

  
Photo de gauche : jeune pommier Gueule de Mouton greffé sur porte-greffe standard (M109?) ne résistant pas au vent...
Photo de droite : vieux pommier Belle Fleur greffé sur pommier sauvage, la greffe se situe à mi-hauteur de la photo.
La différence de qualité de bois est flagrante : en bas le pommier sauvage a un bois plus dense, le tronc est bien droit et de diamètre plus petit ;
en haut, le Belle Fleur a un bois plus léger (diamètre du tronc plus grand), qui résiste moins bien au vent (incliné) et aux maladies (cavités, chancre).


Les fruitiers ont besoin d'air et de lumière pour résister aux maladies et pour la maturation des fruits. Les arbres sont plantés avec un écartement de 10m à 15m. Dans le même ordre d'idée, la taille de formation utilisée est l'axe vertical (port naturel du pommier et du poirier) plutôt d'en gobelet (risque de déchirement des charpentières lors de grosses mises à fruits).

Jeune pommier conduit en axe vertical, la mise à fruit est plus rapide qu'en gobelet (taille de formation moins sévère),
et la circulation des machines pour la fauche plus aisé (moins de branches basses).
Remarquons que l'aération (résistance aux maladies) et l'exposition des fruits (maturation et coloration)
est optimal avec cette formation en axe central, ainsi que la répartition de la charge des fruits sur les branches.


Finalement, le choix des variétés est axés sur leurs usages, ainsi que leur résistance aux maladies et aux conditions climatiques (froid et humidité de l'Ardenne). J'utilise notamment les vieilles variétés sélectionnées par Gembloux.

Il y a pomme et pomme, une petite anecdote qui en dit long ! J'ai essayé de faire un peu de cidre avec mes pommes. Le jus de pomme est naturellement pauvre en nutriments, et la fermentation s'arrête, lorsque les nutriments sont consommés par les levures, vers 6% d'alcool, avec du sucre résiduel (ce qui permet de faire la nuance entre brut, sec et doux). J'ai obtenu un cidre très sec et j'ai dû remettre un peu de sucre lors de la mise en bouteille. Résultat, un geyser de mousse à l'ouverture ! Pour en avoir le cœur net, j'ai retenté l'expérience en ajoutant du sucre en début de fermentation, histoire de voir le taux d'alcool que l'on peut atteindre avec les nutriments du jus, en fin de fermentation j'ai obtenu un cidre à 10% d'alcool avec un peu de sucre résiduel. Mes pommes seraient 70% plus riches en nutriments que la normale ?


Adresses utiles
Un tout grand merci pour leur aide à :
Vert Pomme asbl
Le Centre de Michamps
Diversifruits
Certifruit
Mr Jacques PAQUOT de Malempré


Texte et photos : Marc PHILIPPOT - Version du 20/05/2020