Le choix des poneys Fjords
Pourquoi des chevaux, et en plus des poneys norvégiens ?
Pourquoi pas des moutons (Ardennais Roux, Mergelland, Mule…) ou
encore des vaches (Galloway, Highlands…) ? Voici
brièvement mes critères de choix.
La robustesse.
Il me fallait
des animaux pouvant rester toute l'année dehors dans un climat
et des terrains le plus souvent ingrats. Il me fallait également des
animaux capables de se défendre seuls contre les chiens errants
ou la faune sauvage.
Les moutons sont
bien trop fragiles des pieds et des bronches, même dans les
troupeaux de races rustiques utilisés dans certains LIFE, j'ai
pu constater que certains animaux toussaient et boitaient. De plus les
moutons nécessitent une bergerie et une surveillance vis-à-vis des chiens.
Le cheval de
trait ardennais est trop lourd pour ces terrains et les poneys
rustiques résistent mieux que lui aux intempéries de
l'hiver. Le poney Fjord est habitué aux rigueurs de l'hiver
norvégien et aux habitats marécageux et tourbeux.
Les vaches
rustiques (Galloway, Highlands…) répondent
également pleinement à ces critères de robustesse.
Au niveau de la qualité nutritive des herbages, les chevaux sont moins exigeants que les vaches et que les moutons.
La simplicité des clôtures
Les
clôtures sont la plus grosse contrainte du pâturage
extensif : entretien, pose de clôtures temporaires pour
délimiter les parcelles… Ceci est d'autant plus vrai en
fond de vallée : les sites sont de tailles réduites et
étirés en longueurs le long des cours d'eau. Ce
très défavorable ratio " longueur de
clôture/surface pâturée " impose des animaux faciles
à contenir !
Un simple fil
électrifié à 90cm de hauteur suffit à
délimiter les parcelles des poneys. Il n'en est pas de
même pour les vaches (surtout les veaux) : 3 à 4
barbelés seront nécessaires ; et encore moins pour les
moutons avec lesquels 4 fils électrifiés
n'éviteront pas quelques escapades… et de longues courses
poursuites dans les bois pour le berger !
Des infrastructures légères
Les poneys et
les vaches se contentent d'un petit abri (plus parce que la loi
l'impose que par nécessité) et un petit fenil est utile
pour le nourrissage avec du foin lors des périodes de forte
neige.
Les moutons ont besoin d'une vaste bergerie l'hiver.
Les fourbures et le pâturage hivernal
Les moutons et
vaches peuvent être en extensif tout au long de l'année,
ce qui de prime abord semble être un avantage.
Les poneys sont
très gourmands, jusqu'à leur poser de gros
problèmes de santé pouvant entraîner leur mort.
Leurs pâtures doivent être restreintes au printemps et en
été (zone parking) pour éviter ces risques de
fourbures. De ce fait les poneys imposent une gestion principalement
par pâturage hivernal qui est très favorable à
l'entomofaune et les chaînes trophiques qui en découlent.
Cette zone parking estivale est
cependant loin d'être sacrifiée au point de vue
biodiversité.
La manipulation
C'est bien de
lâcher des animaux sur des sites naturels, mais il faut encore
pouvoir les récupérer et les manipuler !
Les moutons et
les vaches sont principalement élevés en extensif pour
leur viande. Leur éducation en vue de leur manipulation ne leur
apporte aucune plus-value. Il en découle une absence
d'éducation et un ensauvagement qui peut poser de gros
problèmes de manipulation.
Le poney Fjord
est très polyvalent. Il est utilisé en attelage, à
la monte ou en traction. Une manipulation régulière et
une éducation leur apportent une plus-value certaine à la
vente. Cette éducation des poneys évite leur
ensauvagement et simplifie fortement leur manipulation tant pour les
soins que pour la gestion par rotation de parcelles (rassemblements et
déplacements).
Les latrines
Les moutons et
les vaches défèquent au hasard sur les pâtures. Les
poneys amassent leurs crottins dans des latrines. Cette
caractéristique offre la possibilité d'appauvrir les
sites par exportation et valorisation du crottin. Le crottin de cheval
donne un fumier " chaud " nettement plus adapté aux sols lourds
de l'Ardenne que le fumier " froid " issu des bouses de vaches. Il
peut être donc aisément valorisé dans les cultures.
Le contexte culturel
En Ardenne,
quiconque dispose d'un grand pré a un poney ou un cheval. Le cheval est
considéré comme un animal " noble ", libre et sauvage, ce
qui colle assez bien avec la gestion d'un site naturel. Le fait
d'utiliser des poneys m'a certainement permis de nouer plus facilement
des contacts avec les riverains.
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Auteur : Marc PHILIPPOT - Version du 06/05/2009